Comment créer des tisanes vivantes et bonnes
Comment créer des tisanes vivantes et bonnes

Comment créer des tisanes vivantes et bonnes

Le temps de cette lecture, mettez-vous dans la peau d’un-e jardinier-ère de La Rochette et suivez-nous pour découvrir comment nous nous y prenons pour créer des tisanes vibrantes et goûteuses.

Il faut trouver les plantes !

Voilà, c’est le printemps. Le moment de se décrasser les articulations, doucher les paniers et les caisses de récolte, vérifier les sécateurs, faire un grand nettoyage du séchoir. Mettre la liste de récoltes à jour, aussi, pour être certain de ne louper aucune plante. C’est que le temps passe vite et il ne t’attend pas : un sureau ne fleurit que quelques semaines par an, ce serait dommage de le manquer ! Le printemps est la saison des plantes sauvages : il va falloir les trouver. Celles qui sont en parfaite santé, poussent en grandes colonies pour que ta récolte ne les mette pas en danger, dans des endroits garantis non pollués. Et accessibles sans trop te blesser, c’est quand même mieux. Tu fais des repérages, mais pas au hasard : en connaissant bien ta plante, tu sais quel milieu elle préfère et tu te balades dans des endroits bien précis. Plutôt pas mal, comme boulot ! C’est bien beau tout ça, mais il faut encore que les conditions soient bonnes. Alors, tous les jours, tu jettes un œil dehors au temps qu’il fait, un autre à ton appli de prévisions météo, encore un autre à tes plantes pour voir où elles en sont dans leur cycle et un dernier à ton séchoir, ton agenda et ton stock car tu veux être sûr d’avoir la place, le temps et les ingrédients pour faire ton séchage et ta transfo telle que les sirops. Ça fait combien d’yeux, tout ça ? Bien assez et des fois, un peu trop. Mais quand tu vas dans le vallon récolter les primevères qui sentent si bon, cheveux au vent, nez au soleil… Quand tu as soigneusement évité de récolter trop de fleurs sur une même plante, allant de l’une à l’autre comme une abeille butineuse… Quand ton panier en est rempli et que tu as passé ton après-midi au milieu des fleurs… Tu te dis que ça en vaut la peine.

Chaque jour est différent

Les récoltes du printemps sont terminées. Le désherbage du jardin, aussi grâce à Stéphane et Christophe qui t’ont donné un coup de main. A priori, ça devrait tenir quelques semaines, peut-être trois si tu as de la chance. Il faut que les lignes soient parfaitement propres pour la récolte, car il n’y a rien de plus embêtant que de trier un panier pour en retirer les brins d’herbes farceurs qui s’y sont invités. Tu as prévu ta bouteille d’eau, ton goûter, ton chapeau, ta crème solaire. Il ne manque plus que Claudine, qui est encore en retard ! Mais bon, tu as l’habitude. La voilà avec les caisses et les paniers ! Vous passez dans les lignes pour voir où en sont les plantes. C’est que toutes ne se récoltent pas au même stade, oh non ! Le thym par exemple se récolte en pleine floraison : facile, il suffit de faire confiance aux abeilles qui savent parfaitement quand il est le meilleur. La camomille et les autres fleurs telles que les mauves ou les calendula, elles, se récoltent tous les jours possibles même les fériés, parce que le végétal n’a pas de syndics qui demande des congés. Et toi, comme tu es en train de te transformer en mi-humain mi-plante, les jours de congé, tu ne connais plus trop et c’est bien aussi. Bon. Et la verveine ? Elle, se récolte lorsque les branches sont belles et en santé, pleines de grandes feuilles si possible, et de façon à préserver le plant, ça va de soi. Toutes ces espèces, ces variétés et ces individus étant parfaitement différents les uns des autres, tu sais que pour que ta récolte ait le plus de goût et soit la plus vivante possible une fois séchée, il faut récolter au moment parfait du cycle de la plante. Quand il a fait beau plusieurs jours et quand les abeilles les butinent, ou quand elles viennent d’éclore, ou quand elles sont grandes et aromatiques mais avant la floraison, ou, ou, ou… Alors, tu passes dans tes rangs et tu décides quelles plantes en particulier tu vas récolter ce jour-là, en dialoguant discrètement avec le végétal pour essayer de le comprendre avec ton cerveau d’humain.

Il fait chaud !

Plein été. Il fait trop chaud. Tu récoltes malgré tout certaines plantes parce qu’elles sont prêtes, mais tu prends soin de ne pas laisser ta récolte au soleil, sinon elle fermente. Ce serait trop dommage qu’elle perde du goût ou change de saveur. Hop, tu déposes ta caisse dans le cabanon et tu repars récolter. Une fois tes paniers pleins, tu vas au séchoir, tout fait de bois. C’est un jeu de Tetris pour tous placer, parce que malgré tes efforts d’imagination, le séchoir ne fait toujours que 10m2. Les plantes sont étendues sur des claies en coton de fromager, en couches assez fines pour éviter la fermentation et améliorer le séchage. Si tu n’as vraiment plus de place, tu tends des fils entre les claies et les tablars pour y accrocher les grandes tiges, ça fonctionne aussi. Le temps est sec et chaud ? Tu ouvres la fenêtre protégée par une moustiquaire : la chaleur du toit et la circulation d’air suffiront à faire sécher les plantes. Il faut aussi absolument éviter qu’il fasse trop chaud dans le séchoir et tu ouvres et fermes la fenêtre parfois plusieurs fois dans la journée, en fonction du soleil. Le soir, tu arroses les plants récoltés pour les aider à supporter le choc. Puis, tu passes encore au séchoir brasser les plantes pour améliorer la dessiccation, tu refermes la fenêtre et tu enclenches le déshumidificateur d’archives. Son ronronnement t’est devenu familier et même si ça t’embête un peu d’utiliser de l’électricité, tu sais que c’est indispensable : parce qu’une plante qui s’est réhumidifiée durant son séchage s’oxyde et perd du goût. Et toi, ce que tu veux, c’est que les plantes aient du goût et restent aussi belles qu’au jardin, même une fois sèches. Sèches, mais vivantes.  

Ça se calme

L’été est bientôt achevé, ouf ! Parce que le séchoir déborde. Avec les récoltes et les transfos, tu n’as pas vraiment eu le temps de faire du mondage : retirer les parties de plantes que tu ne veux pas, les tiges par exemple. S’il pleut, c’est un vrai plaisir d’être au séchoir. Ça sent tellement bon, tu es entouré de plantes. Quel bonheur ! Le mondage fait à la main prend du temps. Mais après tout, tu as cultivé et récolté tes plantes sans aucune machine, tu peux bien continuer. Juste la plante et tes mains, jusqu’au bout. Une fois le mondage terminé, la plante est stockée dans des sachets kraft ou des bidons kraft, au séchoir. Lorsque tu as du temps, tu colles les étiquettes sur les sachets en écoutant de la musique, puis tu prépares le mélange. Des fois, Claudine en créé de nouveaux, Agathe les goûte, puis Stéphane, puis Christophe, puis Natacha, puis tous ceux qui passent par là. Au final, Agathe et Claudine choisissent la formule qu’elles trouvent la meilleure, la plus équilibrée, la plus belle. Agathe créé une étiquette, Claudine écrit la fiche de transfo, et une nouvelle tisane est née. Lorsque tu l’ensaches amoureusement dans le séchoir, tu espères que l’humain qui la boira percevra la magie des plantes, du jardin, et de tout le soin que tu y as mis.  

4 commentaires

  1. Haenni Astrid

    Merci pour ce joli texte plein de poésie et d’amour de toutes ces merveilleuses plantes
    Vos tisanes et vos hydrolats sont excellents et je ne parle pas de vos bonbons aux fruits qui régalent petits et grands
    Un grand merci à vous tous 😘

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